naya - silver flames

Naissance – La lune à son périgée, pleine, illuminant la grande pomme de sa lumière bleutée, alors que Naya poussait son premier cri. Premier enfant, première fille. Sur le papier, elle était l’enfant d’une famille parfaite, à l’avenir tout aussi radieux. Papa, très riche, surnommée le prince des marchands, il s’était fait une place de choix dans la ville qui ne dort jamais. Maman, fille d’un simple mécanicien a fait fondre son cœur, par sa beauté, par son apparente gentillesse. Elle est passé de rien à la femme si convoitée, si jalousée, d’un homme de la haute société new-yorkaise. Ce monde de paillettes et de faux-semblants. Un monde où les codes machistes du moyen âge avaient encore une place trop importante. Des bals, des belles, et des hommes faisant leur choix parmi ces jeunes demoiselles, désirant la plus jolies à leur bras pour briller. C’est dans ce monde là que Naya a mis les pieds ce 9 novembre, il y a 28 ans.

4 ans – Après la naissance de Naya, ces parents ne se sont pas arrêtés là. Un an après la naissance de Naya arrivait sa première sœur, puis un an et demi plus tard, la petite dernière. Famille au complet, trio de filles, trio qui allait régner sur le monde. Papa voulait un garçon mais la mère de famille refusait une nouvelle grossesse. Dès le plus jeune âge, Naya et sa première sœur eurent un lien fort et intense, comme si rien au monde ne pourrait les séparer. Un lien qui ne se créa pas entre Naya et la petite dernière, sans vraiment comprendre pourquoi. Mais c’est à cet âge-là que sa mère installa son emprise toxique sur son ainée, sa reine comme elle adorait l’appeler.

12 ans – Plus Naya grandissait, plus elle faisait preuve d’une beauté à couper le souffle. Ses cheveux bruns et ces grands yeux suffisaient à faire des ravages, sa grâce lorsqu’elle dansait faisait tourner les têtes, et des cœurs tombaient déjà à ses pieds alors que son adolescence ne faisait que commencer. La mère était ravie, mais ce n’était pas suffisant. Pas pour elle. Elle qui en voulait toujours plus. Elle lui apprit à être parfaite, et l’être à ses yeux n’étaient pas choses aisées. Elle lui apprit à être malicieuse, manipulatrice, user de sa beauté, jouer avec les sentiments primaires des hommes pour obtenir toujours plus. Si elle avait réussi à gravir les échelons sociaux, elle en attendait encore plus pour son ainée, elle la voyait au sommet et nulle part ailleurs.

Elle avait cette emprise uniquement sur Naya, la seconde était d’une douceur et d’une beauté si pure qu’elle estimait qu’elle arrivait toujours à ses fins dans la vie avec son sourire innocent. Et puis la petite dernière, elle ne lui prêtait pas vraiment attention, contrairement à leur père.

16 ans – Naya était courtisé par le fils d’une famille politique des hautes sphères, un jeune homme méchant qui adorait ridiculiser les autres, pourtant, armée par sa mère durant des années, elle avait réussi à le faire fondre devant elle comme glace au soleil. Sa mère la poussait à en vouloir plus, rêvant d’un énorme diamant au doigt de sa fille, mais Naya refusait. Ce garçon était un monstre d’égoïsme et le parfait reflet de son père, connu pour être violent et volage. Était-ce là l’avenir que sa mère voulait pour elle ?

Elle ne le su jamais puisque cette année-là, la mère de famille fut emportée par une leucémie foudroyante. Sous le choc, Naya ressentait des émotions contradictoires. De la peine, une tristesse immense, pourtant perçait en elle une espèce de soulagement. Se sentant terriblement coupable de ressentir une chose pareille, elle renferma cette émotion dans son cœur, le bardant d’une carapace de fer. Cette année marqua le début de la fin pour la famille Acher.

19 ans – Il fallut trois années pour que la famille Acher touche officiellement le fond. Après la mort de la mère de famille, le père, fou amoureux, le cœur en miettes, sombra. Les jeux de hasard remplacèrent ses heures au travail, sa société s’effondra et lui joua encore et encore, misant toujours plus gros jusqu’à ce qu’il ne possède plus rien. Après avoir revendu leur luxueux appartement de Manhattan, ils se retrouvèrent tous les quatre dans un miteux appartement au fond de Brooklyn avec une seule chambre pour les trois sœurs, le père dormant sur le canapé du salon. Leurs anciens amis étaient désormais ceux qui riaient d’eux et de leur pauvreté. Un soir, alors que Naya et sa première sœur dont elle était toujours aussi proche étaient cachés dans leur chambre, des créanciers vinrent réclamer l’argent de leur patron. Mais le père n’avait plus de quoi payer, alors, sous les yeux et les cris suppliants de la petite dernière, la plus courageuse, ils brisèrent la jambe du patriarche.

23 ans - 4 années s’écoulèrent. Le père, sa jambe brisée et aucun argent pour se faire opérer, boitait et la dépression s’était installé dans sa tête. Il ne faisait que travailler le bois, sculptant de stupides figurines que les filles tentant de revendre quand elles osaient se rendre en ville. Naya, élevée en fille capricieuse et rancunière, en voulait terriblement à son père pour leur ruine et encore plus du fait qu’il ne soit plus capable de se bouger pour sortir ses filles de cette situation merdique. A ses yeux, ce n’était pas son rôle à elle, mais le sien, et elle refusa de bouger le petit doigt. C’était la petite dernière qui, depuis ses 16 ans, travaillait d’arrache pieds, cumulant plusieurs petits emplois pour payer le loyer et nourrir les siens.

L’année de ses 20 ans, cette dernière rencontra un homme en ville. Un homme qui s’avéra être immensément riche. Il tomba sous son charme et lui offrit de le suivre dans la ville où il vivait, son foyer. Elle accepta à condition qu’il aide financièrement sa famille, ce qu’il fit. Les Acher retrouvèrent un peu de leur grandeur d’antan, pour le plus grand plaisir de Naya.  

26 ans - La vie fût de nouveau douce pour les Acher, Naya et sa première soeur vivait à nouveau aisément, à Manhattan, retrouvant les grâces de leur anciens amis. Pourtant, quelque chose avait changé, quelque chose était brisé. Naya en voulait au monde entier de les avoir laissé couler durant des années et elle se reprochait aussi de ne pas avoir été capable de mettre de côté ses rancoeurs pour aider les siens, avoir laisser sa petite soeur le faire à sa place. Tout comme ce qu'elle avait ressenti à la mort de la mère, elle refoula tout ça dans son coeur, le bardant de piquant, et ne montrant qu'une façade froide et distante, projetant toujours sa haine envers son père. La seule personne qui trouvait grâce à ses yeux était sa cadette, la seule personne qu'elle défendait farouchement et qu'elle aimait intensément.

Naya jouissait pourtant bien de l'argent que le prétendant de sa soeur leur avait offert, elle dormait le jour, dansait la nuit, faisant rêver les hommes. Elle avait un petit ami qu'elle avait elle-même choisi mais avec qui elle était plus pour dire de ne pas être seule dans cette société qui pousse vers le couple parfait à chaque instant, mais elle ne l'aimais pas. Savait-elle seulement ce qu'était aimé?

27 ans - L'alcool coulait dans ses veines, la vision trouble, son rire résonnant de l'habitacle. Elle n'aurait pas dût être derrière le volant, elle n'aurait pas du rouler si vite. Elle n'aurait pas dût, et si elle ne l'avait pas fait. Peut-être n'aurait-elle pas fini dans la voiture qui arrivait en face.

Quand elle se réveilla, Naya appris que personne n'était décédé dans cet accident. Ni son petit ami qui était sur le siège passager, ni la famille qui se trouvait dans la voiture d'en face. Soulagement, mais de courtes durées.

Elle sortait d'une grosse intervention. Dans le choc, ses reins avaient subi de gros dégâts et elle avait eu besoin d'un nouveau, de toutes urgences. Elle était encore sous l'effet des médicaments quand elle apprit que c'était son père, qu'elle avait arrosé de sa haine durant des années, qui avait accepté de lui donner. Sauf que voilà, suite à une réaction liée à l'anesthésie celui-ci ne s'était pas réveillée de son opération. A l'instant où ces mots résonnèrent en Naya, le monde se brisa. Mais comme à son habitude, elle n'en pas mot, elle ne laissa rien transparaître, elle se contenta de nourrir le monstre en elle et s'enferma à double tour derrière un mur de pierre.

Juste après la mort de leur père, les deux soeurs Acher décidèrent de rejoindre leur cadette partie avec son fameux riche prétendant dans la ville de Portland. Naya ne voulait pas y aller mais sa première soeur en avait grand besoin. Arrivée là-bas, elle ne montra que du mépris pour la nouvelle "famille" que la petite dernière s'était construite là-bas pour les remplacer. Naya était pleine d'une colère, une colère qu'elle dirigeait vers les autres alors que la seule personne qu'elle haïssait, c'était elle-même, son foutu égoïsme et le monstre qu'elle voyait dans le reflet du miroir. Celle qui avait causé la mort de son père, l'homme qui malgré ses années de méchancetés, c'était mis en danger pour elle. Pour la sauver.

Alors, au lieu de vivre avec la nouvelle famille, elle prit un appart miteux, s'oubliant dans l'alcool, ouvrant son lit à un nouvel homme chaque soir, comme si cela allait lu permettre d'oublier qui elle était et ce qu'elle avait fait. C'était le fiancé de sa soeur qui payait tout pour elle, certainement parce que ses cadettes pensaient que ça finirait par lui passer.

2 semaines plus tôt -  Fatiguée de payer pour elle alors que cela faisait un an qu'elle se laissait aller dans cette vie de débauche, ses petites soeurs donnèrent un ultimatum à Naya. Elle devait cesser de fréquenter les bars, finis les inconnus, finis le taudit qu'elle considérait comme son chez elle. Elle devrait aller travailler à mi-temps à la bibliothèque de la ville, un petit job d'assistante. Elle devrait aussi aller vivre dans la colocation que formaient les amis du fiancé de sa soeur et s'entrainer à la boxe avec l'un d'entre eux, chaque matin. Pour qu'elle apprenne la discipline, qu'elle avait dit. Sinon, elle lui coupait les vivres. Naya, au plus bas, n'avais pas vraiment d'autres choix, alors elle accepta mais elle n'avait pas l'intention de mettre du coeur à l'ouvrage.